L'USINE DE L'INTOX A ENCORE FRAPPE AU BURUNDI

Par Gratien Rukindikiza

Burundi news, le 08/03/2009

Manipulation de la Documentation dans l’affaire Alexis SINDUHIJE

Vendredi 6 mars 09 à Bujumbura autour de la mi-journée, une rumeur a enflé et même les medias s’en ont fait échos sur la libération éventuelle de Alexis SINDUHIJE dont la décision est attendue après la délibération en cours.  Au stade actuel, la libération ou la condamnation importe peu. Ce qu’il faut relever c’est la manipulation politique du fait du parti au pouvoir et de sa police politique. Cela se traduit comme on l’a observé, par l’absence des magistrats soucieux de dire le droit et qui se heurte, on n’en doute pas à leur intégrité. On est en droit de craindre dans cette affaire éminemment politique que bon nombre de prévenus politiques risquent de croupir en prison jusqu’après la consultation populaire tant attendue et cruciale de 2010.

Le parti au pouvoir s’empêtre dans ses propres crises intestines de lutte de pouvoir au sein de son leadership à l’érosion de son électorat et à la présence d’autres partis politiques qui constituent une alternative de taille.

Dans ce contexte de tension préélectorale, le parti au pouvoir n’est pas assez outillé pour faire face à ces défis qui lui sont immédiatement posés, affirme un proche de la direction du CNDD-FDD. Alexis SINDUHIJE devra rester en prison selon une personnalité haut placée au sein du CNDD-FDD, information confirmée par une autre source proche du pouvoir  parce que le parti au pouvoir n’a pas intérêt à perdre la face dans son bras de fer avec la Communauté Internationale qui, unanimement réclame l’élargissement des acteurs politiques, de la société civile, des médias et des syndicats emprisonnés à Mpimba.

La fabrique de la rumeur

D’après une source bien informée, les agents ont fait colporter une rumeur de l’éventuelle libération d’Alexis SINDUHIJE au moment où à la prison centrale de Mpimba, quelques mandats d’élargissements venaient d’arriver sur la table du Directeur. Dans ces mandats, on a semblé signaler qu’il se trouvait celui de SINDUHIJE. Cette information a été diffusée par une des stations privées de Bujumbura, tombant ainsi dans le piège des services de Nkurunziza.

Cette rumeur qui est partie de la prison centrale avait un double objectif, nous a révélé notre source dans le cercle de la direction du CNDD-FDD.

D’une part, piéger les médias à diffuser cette rumeur (chose réussie) pour adoucir les pressions aujourd’hui insistantes et irritantes de la Communauté Internationale compte tenu d’une autre arrivée dans sa foulée d’une forte délégation de l’Union Européenne conduite par le commissaire au développement Louis Michel attendue mardi à Bujumbura. La rumeur va servir de prétexte au report d’un supposé prononcé de jugement allant dans le souhait des exigences de la Communauté Internationale.

D’autre part, la rumeur avait pour objectif de susciter des faux espoirs au moment où une décision de condamnation a été déjà prise au palais présidentiel, par le siège composé par des généraux qui font la pluie et le beau temps à Bujumbura.

Le parquet, une officine au service du pouvoir

Notre source au sein de la direction du CNDD-FDD a aussi fait remarquer que la récusation du précédent siège et son remplacement ne pouvaient rien empêcher de ce qui est déjà décidé puisqu’il s’agit de maintenir derrière les barreaux, un homme politique gênant et  challenger des présidentielles de 2010. En changeant le siège selon notre source, le pouvoir à travers les nouveaux juges voulait rassurer l’opinion nationale et internationale que la décision qui sera prononcée serait neutre et apolitique au sens de lever tout soupçon de l’ingérence de l’exécutif.

 La même source dit que Alexis pourrait être condamné de six mois d’emprisonnement, l’appel devant la Cour d’Appel ne donnera rien non plus parce que dit-il, l’objectif de priver SINDUHIJE son droit civil et politique de se faire élire aura été atteint.

Dans cette affaire purement politique comme on l’a montré ci-haut, on ne devrait que s’attendre à une décision politique hélas. Alexis SINDUHIJE et son parti le MSD qui attendent toujours son agrément doivent intégrer ce navrant scénario et d’en sortir plus renforcé et rassembleur, et refuser de limiter l’horizon de 2010 comme bon nombre le fait croyant qu’elle en constitue une fin.

Le Burundi mérite mieux, les acteurs politiques responsables, cohérents, capables de servir le pays et ses citoyens à la différence des régimes qui se sont succédé et qui ont conduit le pays dans cette faillite.