QUI EST DERRIERE LES DEGRADATIONS DES SOCIETES D'ASSURANCE?
Par Gratien Rukindikiza
Burundi news, le 24/06/2009
Le vandalisme des sociétés d'assurance du Burundi a étonné beaucoup de Burundais. Cette histoire a de quoi étonner et pousser à faire des enquêtes. Burundi News, fidèle à son devoir d'informer a enquêté pour assouvir l'appétit de ses lecteurs. Beaucoup de questions se posent. Qui est à l'origine de ces vandalismes? Le Président Nkurunziza, était-il au courant? Qui a reçu l'ordre de qui, pour faire quoi? Qui était visé en premier? Echec ou réussite des préparateurs?
Au commencement, une histoire interne au CNDD-FDD
Le parti au pouvoir le CNDD-FDD traverse une période d'interrogations. Plusieurs cadres du parti, y compris l'entourage du Président de la République, sont sceptiques quant à la victoire électorale. Certains proches du Président et le Président lui-même estiment qu'ils auront beaucoup de difficultés pour gagner les prochaines élections. Les grandes difficultés ne seraient pas comme on s'y attendait, des problèmes avec l'opposition. Certains estiment qu'une prochaine cassure du parti mettrait le CNDD-FDD à terre. Ceux qui pourraient casser le parti sont désignés comme étant du groupe de Kirimiro.
L'objectif principal est de casser cette opposition interne, l'isoler des militants après les avoir salis.
Ordre donné par le Président au général Adolphe Nshimirimana, patron des services de renseignement pour casser le groupe de Kirimiro
Le Président de la République a fait recours à ses services de renseignement pour régler le fameux problème du soi disant groupe de Kirimiro. Adolphe Nshimirimana reçoit l'ordre de salir ce groupe, de l'isoler des militants afin de les réduire à l'insignifiant sans soutien politique avant les élections. Ceux qui sont visés sont surtout Onésime Nduwimana, directeur général de la Socabu et Gervais Rufyikiri, président du Sénat. Ils sont étiquetés comme des chefs du groupe de Kirimiro.
Le menu concocté pour Onésime Nduwimana sera en relation avec son travail. C'est ainsi que Adolphe Nshimirimana conçoit ces actes de vandalisme des assurances. Des rumeurs sont lancées en premier lieu pour faire comprendre qu'il y aurait des magouilles entre le patron de Bicor et celui de la Socabu. Les intrusions dans ces sociétés par les malfaiteurs avaient pour objectif de montrer qu'il y a des gens qui veulent nuire au pays. Les rumeurs devraient faire son bon chemin en disant que les deux dirigeants des assurances voulaient maquiller leurs prétendues magouilles.
Sur le plan technique, les malfaiteurs ont bénéficié de la protection de la police qui assurait le transport et la sécurité. C'est ainsi que les veilleurs affirment qu'ils n'ont rien vu, rien entendu. Ils ont reçu suffisamment de menaces et ont compris que les malfaiteurs sont assez puissants pour ne pas les embêter. L'opération est apparue comme très enfantine que certains commanditaires ont commencé à se poser des questions sur l'application de l'ordre donné. Certains ont estimé qu'il était flagrant et que si les méfaits étaient attribués à Onésime Nduwimana, ils ne feront que produire l'effet inverse; diviser le parti à jamais. Il fallait trouver un autre bouc émissaire.
Après Onésime Nduwimana, à qui le tour?
Il fallait abandonner la piste Nduwimana pour salir une autre personnalité politique. Les malfaiteurs n'avaient pas volé, il s'agissait en réalité d'un acte politique, monté de toutes pièces ou un vrai sabotage. Il était clair que les malfaiteurs avaient bénéficié de la protection de la police et aussi des services de renseignement. Adolphe Nshimirimana a pensé à Alexis Sinduhije, président du MSD, un parti qui doit faire peur au pouvoir compte tenu du temps passé avant d'être agréé ou de l'emprisonnement de Sinduhije. Le dossier a été transféré au directeur général de la police pour accuser Alexis Sinduhije.
Un des malfaiteur s'est fait arrêté dans une troisième société d'assurance Socar. Avant les enquêtes, le directeur général de la police s'est empressé de déclarer à la presse que ce sont des politiciens qui sont derrière. Il dira en comité réduit que c'est Sinduhije qui est derrière ces actes. Pris de remords, il dira à d'autres personnes en privé qu'il a été induit en erreur. Par qui?
Une leçon à tirer
Les Burundais disent que "Amungura nka niyo mazikevya" (Celui qui veut tout gagner peut tout perdre). Quand on est au pouvoir et qu'on s'amuse à jouer de cette façon, on a très peu de chances de rester au pouvoir. Il est difficile de construire une maison à plusieurs étages sans ingénieur. Ces actes n'ont fait que ridiculiser le pouvoir. Entre temps, le président du Sénat Gervais Rufyikiri fait sa tournée européenne pour savourer les succès dus au bon travail du Sénat. Il devra aussi se préparer à son tour au baptême de feu du pouvoir.