LA VERITE SUR LA GRATUITE DES MEDICAMENTS CONTRE LA MALARIA

Par Gratien Rukindikiza

Burundi news, le 13/01/2010

Le porte parole du ministère de la santé a affirmé sur la radio RPA qu'aucun Burundais n'achète un médicament contre la malaria. Il semblait être sûr de lui- même dans ses affirmations et traitait de menteurs ceux qui disent le contraire. Normal, peut-on dire car le Président de la République avait affirmé le 01 juillet 2009 que les médicaments contre la malaria seront gratuits. La malaria est devenue une épidémie au Burundi. Cette maladie nécessite des efforts sans précédent d'autant plus qu'elle était une maladie de la plaine. Aujourd'hui, elle sévit dans les provinces, sur les plateaux centraux, pratiquement dans tout le pays. La mesure de gratuité était à la mesure de l'épidémie.

Cependant, cette gratuité est restée sur les papiers ou éventuellement dans les budgets. Combien de Burundais se font-ils soigner gratuitement contre la malaria? Dans quels dispensaires ou centres de santé? Avec quel médicament?

Une fausse gratuité et incohérence du système

Pour avoir des médicaments gratuits, il faut aller se faire soigner dans un centre de santé ou un dispensaire ayant signé une convention avec le ministère de la santé. Or, ne peuvent signer ces conventions que les centres de santé ou dispensaires dirigés par des religieux, selon les informations recueillies au ministère de la santé. Les autres centres de santé, même associatifs ne peuvent pas signer cette convention. Ce qui pose un problème d'égalité devant les services de l'Etat. Il est difficile pour un paysan de trouver un centre de santé qui a signé la convention avec le ministère de la santé et qui reçoit ces médicaments.

Quel médicament?

Aujourd'hui, la malaria est devenue résistante aux autres médicaments chez certaines personnes. Seule la quinine arrive au bout de cette maladie. Or, le médicament gratuit contre la malaria est l'Amodiaquine connu sous le nom de flavoquine dans des laboratoires européens. Selon un médecin burundais, cadre au ministère de la santé, ce médicament guérit ceux qui n'ont pas atteint une certaine phase de malaria. La quinine reste le médicament efficace mais les autorités sanitaires évitent que les gens développent une résistance à ce médicament de dernier recours.

Le paysan qui a besoin d'une cure de quinine est obligé, même s'il se fait soigné au centre de santé conventionné, d'acheter ses médicaments. S'il achète la quinine, il est difficile de lui dire que les médicaments contre la malaria sont gratuits.

Combien de gens à Bujumbura se font-ils soigner gratuitement la malaria? Très peu.

Eviter l'opacité et rendre gratuits les médicaments contre la malaria

Si le pouvoir veut éviter l'opacité et rendre la gratuité les médicaments contre la malaria, il peut s'engager à rembourser les médicaments selon le rapport de chaque centre de santé ou dispensaire ou hôpital, sans tenir compte des conventions restrictives. Soit, le gouvernement n'a pas de budget suffisant pour payer des médicaments contre la malaria et en ce cas, dire la vérité. Soit, le gouvernement a un budget pour ces médicaments et en ce cas, où va l'argent?

Il y a des mesures électoralistes et démagogiques. Le peuple a besoin de la vérité. Le mensonge ne paie pas.