LE POUVOIR BURUNDAIS A ASSASSINE LES TROIS RELIGIEUSES DE KAMENGE 

 Burundi news, le 05/10/2014

Par Gratien Rukindikiza

Tout régime véhicule son élément destructeur. Certains dirigeants ont l'impression que le monde est à eux, tout est permis. L'Afrique a connu des régimes criminels, corrompus. Certains ont la palme du sang froid, du sang tout court. Le régime de Nkurunziza est en passe de dépasser tout ce que l'Afrique connaît de criminel. Dès son arrivée au pouvoir, une dizaine des  FNL de Muyinga ont été tués et jetés dans la Ruvubu. Le train d'assassinats politiques a continué son chemin passant par Gatumba, Bujumbura rural etc...

A la une des journaux burundais, il y a l'assassinat des religieuses de Kamenge. Kamenge est le fief du général Adolphe Nshimirimana, administrateur général du  Service National des Renseignements, SNR, communément connu sous le nom de la Documentation. C'est dans ce quartier où il y a eu l'horreur.

Tout commence avec le départ du père Buyengero de Kamenge

Le père surnommé Buyengero est un père blanc qui s'est beaucoup impliqué pour la défense du CNDD-FDD même quand ils étaient en rébellion. Le père Buyengero était à la tête de la paroisse de Kamenge où officiaient les trois religieuses. Cette paroisse de la communauté xavérienne a aussi un autre hôpital à Luvungi au Congo dans la région de Kiliba Ondes. Cette région est maintenant connue des Burundais.

Le père Buyengero est gravement malade. Il a été évacué en Europe en mai 2014 et il y a peu de chances qu'il revienne au Burundi. Le clergé l'a déjà remplacé par le père Mario. Ce dernier n'a pas une mince tâche. Grand fut son étonnement quand il a été informé par les trois sœurs des pratiques, voire des accointances avec les imbonerakure,  la paroisse et le patron des services de renseignements burundais.  Le père Mario a voulu mettre de l'ordre. Sauf qu'il s'attaquait aux intérêts du tout puissant Adolphe.

En effet, Adolphe a un hôpital à Kamenge. Pour importer ses médicaments, il ne paie pas de droits de douane en les faisant passer dans le lot du centre de santé de la paroisse de Kamenge. Le père Mario a mis fin à cette pratique. Un crime de lèse majesté!

Avec le père Mario, les trois religieuses blanches ont pu libérer leur conscience. Elles ont voulu arrêter de soigner les imbonerakure. Ce changement de pratique soutenu par le père Mario marque la fin tragique de la vie des trois religieuses.

Sœur Bernadette à l'hôpital de la communauté xavérienne au Congo et la décision d'assassiner les trois religieuses

 De retour d'un voyage à Bukavu, la sœur Bernadette, celle qui a été assassinée le deuxième jour, s'est arrêtée à l'hôpital de Luvungi. Cet hôpital soigne les imbonerakure blessés et  malades. Très curieuse, sœur Bernadette a pris des photos et a pris à part quelques imbonerakure hospitalisés pour des témoignages de ce qu'ils font au Congo. Elle aurait dit aux responsables de cet hôpital de ne plus soigner ces imbonerakure car ils préparent des actions dangereuses au Burundi et que des gens sont en prison à cause d'eux. Elle aurait collecté des informations pour les fournir à Mbonimpa en prison en ce moment. La nouvelle est partie rapidement. Les services de renseignements ont été informés que cette sœur a collecté des preuves de ces imbonerakure. Panique au sommet du pouvoir. L'ordre a été donné d'assassiner les trois religieuses. Le sort d'Olga, Lucia et Bernadette était déjà scellé quand la sœur Bernadette est arrivée à Kamenge le samedi 6 septembre 2014.

Les assassinats en question

L'horreur. Comment peuvent-ils détenir le pouvoir et être des sauvages? Je dis bien des sauvages, pire que les animaux sauvages. L'opération a été préparée dans les services de renseignements burundais à Rohero toute la journée du samedi et dimanche matin. Quatre hommes ont été choisis pour découper à la machette les trois religieuses. Le dimanche 7 septembre 2014 à 15 hrs, quatre hommes en tenues des enfants de chœur sont entrés dans la paroisse. Ils avaient déjà les clés des chambres des trois sœurs. Ils ont trouvé les deux religieuses à savoir Olga et Lucia et les ont découpées à la machette.

Un détail. Ces machettes sont de nouvelle génération. Elles sont différentes des machettes qui ont été utilisées au Rwanda en 1994 lors du génocide. Cette nouvelle génération découpe le cou en une seule frappe et coupe aussi un os en une seule fois. Une livraison a été réceptionnée à la documentation et cette machette utilisée venait de ce lot. Que feront-ils avec ces machettes? L'avenir est sombre au Burundi si rien ne change.

Après avoir assassiné les deux religieuses, les quatre assassins ont appelé les services secrets pour dire qu'ils n'ont pas trouvé la troisième. L'ordre a été donné au téléphone de rester à l'intérieur jusqu'à ce qu'elle rentre. En effet, Sœur Bernadette était partie chercher quelqu'un à l'aéroport de Bujumbura. A son retour, ses deux collègues étaient déjà mortes. Avant même que la police arrive, des agents de la Documentation était déjà sur place pour évacuer ou sécuriser les quatre assassins qui attendaient sœur Bernadette. La police est arrivée après. Elle a encerclé mais les assassins étaient dans les placards. D'autres disent dans une des salles. A minuit, sœur Bernadette sécurisée par la police ne savait pas qu'elle était toujours en danger. Les quatre assassins sont passés à l'acte.

Evacuation des assassins, mission difficile

Après l'assassinat des trois religieuses, il fallait évacuer les quatre assassins. La Documentation n'avait pas pris en compte la réaction de la population de Kamenge. Quant elle a appris l'assassinat de la troisième religieuse, elle a décidé d'aller fouiller la paroisse pour trouver les assassins. Elle était au courant de la présence des assassins à l'intérieur. La Documentation a sommé l'administrateur de Kamenge de les faire rentrer. Malgré ses appels, impossible de faire plier cette foule en colère. La police a tout fait. La population a juré de se venger contre les assassins qui étaient à l'intérieur. Situation catastrophique pour le pouvoir. Le général Adolphe Nshimirimana, lui-même, s'est déplacé à Kamenge. Paradoxalement, il n'a pas osé se présenter devant la foule. Il est passé par une petite porte de derrière pour accéder à la paroisse. Il a sommé le pauvre père Mario de calmer la foule et de dire qu'il n' y a plus personne dans la paroisse. De peur d'être tué à son tour, le père Mario a accepté et a demandé à la foule de rentrer en expliquant qu'il n' y a plus d'assassins  dans la paroisse. C'est de cette façon que la foule s'est calmée.

Après cet incident, la police a apporté des tenues policières aux quatre assassins à l'intérieur des bâtiments. Ces derniers sont sortis avec les autres policiers en tenues de police à tel point que personne ne s'est rendu compte de la sortie des assassins.

Des assassinats qui peuvent sonner la fin de la recréation du pouvoir de Nkurunziza

Le pouvoir de Nkurunziza vient d'assassiner trois religieuses blanches. Si la communauté internationale a fermé les yeux quand il a triché les élections de 2010, c'est parce que le FNL avait tué une britannique.

Aujourd'hui, en assassinat ces trois sœurs, Nkurunziza a précipité sa chute et aussi la chute de son système. Ce ne sont pas les tracts qui sont lancés dans la paroisse pour faire peur au père Mario qui vont bloquer les enquêtes. La Documentation dépend de la présidence. Elle n'a pas décidé d'assassiner ces trois religieuses sans l'accord du Président. Si non, Adolphe serait déjà limogé; si au moins il a le pouvoir de le faire.

Ces assassinats n'honorent pas les combattants FDD. Ils se battaient pour une cause qu'ils jugeaient nobles. Est-ce celle d'assassiner des religieuses venues aider les Burundais? Est-ce que les militants du CNDD-FDD se retrouvent dans ces assassinats honteux du pouvoir? Et les colonels et les généraux de l'armée et de la police qui étaient dans la rébellion FDD, sont-ils contents de ces horreurs? Sont-ils solidaires? Si non, et alors? Le patriotisme n'a ni parti, ni ethnie, ni région. Il n'a que le cœur pour la nation.

Patriotes burundais de tout bord, unissez-vous. L'heure est grave.