LA GUERRE POUR LA VICE- PRESIDENCE HUTU FAIT RAGE A BUJUMBURA

Par Gratien Rukindikiza

 Burundi, le 09 août 2005

Les accords d’Arusha ont piégé ceux qui ne voulaient pas la prolongation de la transition et l’équilibrisme ethnique. Le Président élu est obligé de nommer deux vice-Présidents, un tutsi et un autre hutu. Les deux ne peuvent pas être de la même famille politico-ethnique. L’arroseur a été arrosé. Le Frodebu et l’Uprona croyaient et continuent de croire que les deux vice-Présidents ne peuvent pas revenir  au parti du Président. Faux, la constitution n’en souffle aucun mot. Le vice-Président doit être un élu. En d’autres termes, rien n’empêche Nkurunziza de nommer un élu communal du Parena, d’AV Intwari etc…

Je cite la constitution :

2. des vice-presidents de la republique

Article 122

Dans l’exercice de ses fonctions, le Président de la République est assisté de deux Vice-Présidents.

Le Premier Vice-Président assure la coordination du domaine politique et administratif.

Le Deuxième Vice-Président assure la coordination du domaine économique et  social.

Article 123

Les Vice-Présidents sont nommés par le Président de la République après  approbation préalable de leur candidature par l’Assemblée Nationale et le Sénat  votant séparément et à la majorité de leurs membres. Ils sont choisis parmi les  élus.

                   Ils peuvent être démis de leurs fonctions par le Président de   la République.

Article 124

Les Vice-Présidents appartiennent à des groupes ethniques et des partis politiques différents.

Sans préjudice de l’alinéa précédent, il est tenu compte, dans leur nomination du caractère prédominant de leur appartenance ethnique au sein de leurs partis politiques respectifs.

 

Certains cadres du Frodebu racontent dans les salons à Bujumbura qu’une des deux vice-Présidences leur revient de droit. Face à la campagne haineuse orchestrée par le Frodebu contre le CNDD-FDD, le CNDD de Nyangoma a cru que la porte était ouverte pour cette vice-Présidence. Nyangoma cherche à tout prix à établir un contact avec les chefs du CNDD-FDD dans le but de négocier cette vice-Présidence. Malheureusement, la porte est fermée pour lui, d’après un proche de Nyangoma. Il oublie que le dossier du café des citoyens de Bubanza et Cibitoke est encore ouvert et cette population est l’électorat du CNDD-FDD. Ce dernier est sans doute au courant de l’affaire Katemo et des mauvaises relations entre Nyangoma ministre et le Président Ndadaye qui ont prédominé et gâché la Présidence de Ndadaye. Nyangoma a démontré qu’il veut être toujours numéro un. Le numéro deux ne sert qu’à attendre la première place. L’ancien Président Ntibantunganya en sait quelque chose.

Le Frodebu traverse une période difficile. A la défaite s’ajoute les divisions. Les poids lourds du parti à savoir Ntibantunganya, ancien Président de la République, Banvumiragiye, ancien vice-Président de Buyoya, Nahimana, ancien vice-président du sénat et Ngendakumana, secrétaire général du Frodebu contestent ouvertement Minani, président du Frodebu. Pire, ils mettent noir sur blanc ce que tout le monde savait. Minani incompétent, Minani soucieux de ses intérêts personnels plus ceux du parti, Minani responsable de la défaite du Frodebu etc… L’erreur commise par ces Messieurs est qu’ils n’ont rien dit quand Minani a appelé à prendre les armes, quand il a envoyé des dizaines des milliers de dollars au FNL en Tanzanie et dans Bujumbura rural pour une alliance ou des services pendant la campagne. Minani vient de remporter la manche en refusant de céder son poste. Cependant, le mal est déjà fait. Il vient de se rendre compte qu’une carte vient de lui échapper ; celle de la vice-Présidence de la République et a déclaré que ce poste ne l’intéresse pas ou plutôt plus.

Cette bataille au sein du Frodebu est en réalité la bataille pour ce poste tant convoité de la vice-Présidence hutu. Les quatre ténors qui rêvent de renverser Minani ont sans doute l’idée de bloquer Minani et d’y mettre un des 4. Ngendakumana et Nahimana sont les deux candidats probables du Frodebu. Or, Minani ne pourra pas les soutenir. Il fallait l’évincer avant la formation du gouvernement. Les quatre sont accusés de détenir deux cartes de partis, une du Frodebu officiel et une autre du CNDD-FDD officieux. De purs mensonges. Je ne nie pas qu’il n’y a pas de contacts de l’un ou de l’autre avec des chefs du CNDD-FDD avant même la signature du cessez-le-feu.

Une bataille pour une place déjà occupée ne fait qu’intéresser les concernés. La bataille autour de cette vice-Présidence fait rigoler ceux qui ont le pouvoir de les désigner. Il est fort probable que dans le but de resserrer l’équipe de Nkurunziza, qu’il y ait un vice-Président hutu issu du CNDD-FDD. Rien ne l’interdit. Cette possibilité pourrait calmer les ardeurs des uns et des autres. Les démarches des uns et des autres auprès des ambassades à Bujumbura ne feront rien pour obtenir ce poste tant convoité. Le Burundi termine la transition et met fin aussi à la main mise étrangère sur la politique burundaise. Il y a certains politiciens burundais qui doivent penser que Mac Askié est la Présidente du Burundi. Le peuple burundais a choisi et il est le seul détenteur du pouvoir. Celui qui l’exerce a un mandat de pouvoir de la part du peuple.