QUI DETOURNE LA TAXE SUR LES TELECOMMUNICATIONS AU BURUNDI?
Burundi news, le 19/11/2013
Par Gratien Rukindikiza
Nous avons déjà publié des articles concernant ce fameux dossier de détournement de la taxe sur les télécommunications internationales. Burundi News a pu obtenir des chiffres précis de ce détournement.
Les montants et les répartitions
La société de téléphonie UCOM reçoit le gros lot dans cet acheminement des appels de l'étranger et se taille la part du lion avec 72 %; soit 3 774 000 dollars d'avril à septembre 2013.
Le mois d'avril, ces appels ont rapporté en tout 1 948 290 $. Après, il va de soi que les Burundais de l'étranger ont changé leurs habitudes. Les minutes de téléphonie ne font que chuter. En septembre 2013, le montant est passé à 1 574 558 $.
D'avril à septembre 2013, les appels ont rapporté en tout 10 442 902 $. Les sociétés de téléphonie ont eu 50 %; soit 5 221 451 $, la société SG2 a reçu 2 610 755 $ pour les 6 mois. la personne que nous nommerons P.N. a reçu 2 610 755 $ en lieu et place du Trésor public burundais représenté par l'OBR chargé de collecter les taxes et impôts.
Où va l'argent?
Nous sommes partis dans nos enquêtes de l'arrivée des fonds, c'est-à-dire au niveau des banques. Selon des informations provenant de la BRB, le compte sur lequel transitait cet argent à la BRB avant le transfert à la banque Ecobank était au nom de "Recettes d'Appels internationaux 3302/253". Toutefois, ce compte n'avait aucun lien avec le Trésor public.
Après notre première publication sur ce sujet, le compte a été transféré à la banque privée Ecobank qur le compte "Séquestre Minifi/SG2" N° 0010363603939201/Ecobank. C'est à partir de compte qu'un Monsieur, cadre au parti CNDD-FDD, vient faire des transferts et sortie en liquide des fonds pour le compte de P.N.
Où va l'argent? Le Kenya reste la destination privilégiée car il offre une certaine discrétion bancaire et les maisons à Nairobi peuvent s'acheter avec les impôts des Burundais. Vive l'East Africa Community!
La corruption commence toujours au sommet du pouvoir et se répand comme une traînée de poudres à la base. Détourner une taxe de l'Etat n'est pas de la capacité de tout le monde. Même un ministre ne peut pas détourner toute une taxe sans l'accord du Président. Détourner plus de quatre milliards de francs bu sans être inquiété est du ressort de celui qui dirige un pays. Depuis plusieurs mois, l'OBR crie au voleur, d'autres services enquêtent, rien ne change. Par ailleurs, cet argent laisse des traces, celui qui le détourne à intérêt à tout rendre, remettre sur le compte et réintégrer au Trésor public. Désolé, cette fois, le voleur est attrapé la main dans le sac.