Le 9 Septembre 2001, vu d’Afrique
Par Jean Marie NGENDAHAYO
Burundi news, le 13/09/2011
Si la tragique agression des Etats-Unis d’Amérique par Al Quaïda , le 9 Septembre 2001, a changé la vision du monde des Américains et des Occidentaux en général, elle va par ailleurs bouleverser la vie des Africains aussi négativement qu’à l’époque de l’esclavage.
La première et dernière fois qu’une agression d’une telle ampleur fit irruption dans la quiétude américaine remonte au bombardement de Pearl Harbour par l’armée nippone durant la seconde guerre mondiale. L’amiral Japonais qui commandait l’opération prédit ceci : « Nous venons de réveiller un monstre endormi ». Il ne croyait pas si bien dire. La réponse fut le lâchage sans vergogne de deux bombes atomiques sur Hiroshima et Nagasaki. C’est le seul pays au monde à avoir osé utiliser ce type d’arme de destruction massive sur une autre nation dans l’histoire de l’humanité. Et les Etats-Unis n’ont jamais exprimé une quelconque contrition face à cet acte ignominieux.
Aujourd’hui encore, au lendemain du cataclysme du 11 Septembre 2001, il a manqué des leaders à la mesure de l’évènement pour en comprendre sa signification profonde et sa portée afin d’y apporter une médication qui apporte un réel soulagement à ce dont souffre le monde. Au contraire de cela, Bush et son administration, suivis des leaders Européens timorés au point de faire fi de leurs opinions publiques, se sont engouffrés dans la brèche de la vengeance cruelle et imbécile et ont humilié des nations qui n’étaient pas responsables des malheurs nord-américains.
Alors que la seconde Guerre Mondiale a engendré de nouveaux mécanismes de résolution des conflits avec la création des Nations Unies, les guerres déclenchées au lendemain du 11 Septembre 2001 n’ont rien résolu au terrorisme mondial. Malgré l’exécution extrajudiciaire de Ben Laden et certains de ses collaborateurs, les attentats font toujours florès de par le monde et l’angoisse d’une nouvelle attaque du type « 9/11 » taraude les esprits et les gouvernements occidentaux désormais en alerte sans répit.
La recomposition du bloc communiste, qui n’est pas du tout le signe de la fin de la guerre froide, a permis un commerce légal et illégal d’armes de tous calibres dans le monde. Les groupes terroristes en ont bénéficié largement. Le démembrement actuel de l’armée libyenne est aussi en train d’essaimer un arsenal dont on n’ignore avec exactitude l’importance et la réelle force de frappe. Demain, ces armes pourraient être utilisées contre des intérêts de l’OTAN et/ou de l’Occident n’importe où sur le globe. Et la lutte contre le terrorisme qui se transforme selon les conflits en une guerre dite pour la démocratie ou pour la liberté reçoit de moins en moins d’adhésion du côté du monde communiste (car il existe encore bel et bien !) et des pays pauvres, pour schématiser. La dictature des opinions publiques dans les pays riches fait que les guerres ne peuvent plus se mener comme avant. On ne veut plus voir son fils mourir sur les rives du Mékong ou de l’Euphrate. Demain, les guerres seront diligentées par des armées supplétives ou des « légions étrangères » made in USA ou made in UK comme cela se vérifie en Libye actuellement.
Les conséquences de « 9/11 » sont multiples et inattendues. Ce qui est à craindre pour l’Afrique, c’est que sa population risque de nouveau de subir un esclavage au nouveau visage si on n’y prend garde. Après avoir été des pourvoyeurs de planteurs dans d’immenses champs de sucre Outre-Atlantique, après avoir été des pourvoyeurs de main-d’œuvre pour l’érection d’une civilisation industrielle, nous voilà prêts à fournir de la chair à canon pour des causes obscures ou toutes au moins étrangères à nos intérêts.
Si le terrorisme n’est pas soigné par plus d’équité et de respect mutuel entre les nations et leurs cultures, la paix n’est pas pour demain. Et notre continent a encore de bien sombres jours devant lui.
Jean-Marie Ngendahayo
12 Septembre 2011